samedi 5 juin 2021

SUR LES PAS DU PAYSAN BRETON EN PEINTURE AU MUSÉE DU FAOUËT...

 La crise du COVID nous a familiarisés avec la pratique des visites virtuelles. C'est en somme un peu ce que nous vous proposons au travers de cet article, en forme de rapide promenade au travers des différentes salles de la riche et très belle exposition actuelle au musée : "Le paysan breton dans la peinture". Histoire bien sûr d'attiser votre curiosité et de vous donner envie d'une visite, bien réelle cette fois !... rien ne remplace en effet le contact direct avec les oeuvres.

Première salle :  panneau de présentation  - Les portraits : deux de Paul Abram et à droite, d'un anonyme 

A g. Eugène Fines : Portrait de paysan breton ; à dr. Paul Abram : Portrait de Breton au chapeau.

 Six grandes thématiques sont développées de salle en salle pour tenter d'aborder les différents aspects du sujet et de décliner ce thème du paysan breton sous ses multiples facettes. Dès l'entrée dans la première salle, dans laquelle se trouve le traditionnel panneau explicatif présentant l'exposition, vous serez accueillis par les portraits - en buste ou en pieds - de ces paysans. Si les hommes représentés étaient souvent âgés (ce qui n'étaient pas le cas des femmes) le très beau portrait d'un jeune breton de Paul Abram et un pastel anonyme d'un paysan dans la force de l'âge, l'oeil malicieux, presque souriant, font exception et leurs regards capteront le vôtre.

Descendons quelques marches : dans la salle carrelée, c'est aussi, avec les portraits, le domaine des paysans "sur la route et au marché". Vous n'aurez que l'embarras du choix entre le marché d'Hennebont brossé par Jules Noël, celui de Pont-Aven croqué par Henri Delavallée, celui de Quimper, où se négociaient les ventes des bestiaux qu'ont représentées Joseph-Félix Bouchor ou Mathurin Méheut, ou encore celui de Dinan et sa Foire aux veaux par Yvonne Jean-Haffen !

A gauche Adolphe Leleux puis Jules Noël ; à droite Pierre de Belay : Portrait d'un paysan breton.


à gauche Marché à Pont-Aven d'Henri Delavallée puis Jour de marché dans le Finistère de Leleux.

Entrons maintenant dans l'ancien cloître : c'est le domaine des scènes de la vie quotidienne - entre autres peintes au Faouët ou dans ses environs - mais aussi celui des représentations des intérieurs bretons. L'énorme cheminée et son âtre, le lit-clos et son banc-coffre -  dans une demi-pénombre juste rehaussée d'un rais de lumière tombant fort à propos sur un visage - tout cela on le retrouve sur les oeuvres de Georges Dantec, Victor-Marie Roussin ou François Tallec. Vous pourrez découvrir ainsi les oeuvres de ces artistes certes moins connus, mais au réel talent. Tableaux qui voisinent avec des toiles de noms plus familiers comme Pierre de Belay et son intérieur breton de 1928 dans lequel quatre hommes sont attablés autour d'une bolée de cidre.

au centre Les foins, Châteauneuf-du-Faou de Paul Sérusier, à droite les deux oeuvres d'Henri Guinier puis celle de J.- E. Zingg.

 La chapelle avec, au premier plan, l'oeuvre de Paul Sérusier. Au centre le "corridor" des dessins

Nous pénétrons ensuite dans la chapelle. Y sont réunis les tableaux qui nous montrent le paysan breton à l'oeuvre, dans ses tâches quotidiennes, au travail. Dès l'entrée, ce sont deux des pièces maîtresses de l'exposition, peintes par deux artistes de la prestigieuse école de Pont-Aven : le tableau de Paul Sérusier " Les foins, Châteauneuf-du-Faou" (qui sert d'affiche et de couverture au catalogue) et celui d' Emile Jourdan "Malachappe, les ramasseurs de goémon" qui nous accueillent. D'autres noms célèbres comme Henry Moret ou encore Henri Guinier, Ibels, Zingg ou Luce garnissent les cimaises. L'évolution des techniques de la moisson  avec l'arrivée de la mécanisation et de la machine à vapeur est très bien évoquée par trois belles toiles, côte à côte, de Lionel Floch, Maximilien Luce et Joseph Le Pan de Ligny. Mais le fauchage à la faucille et la mise du blé en javelle sont aussi superbement illustrés par Mathurin Méheut dans ce grand (2m50 par 1m60) décor peint inédit, jusque là inconnu même des spécialistes de l'artiste. Un encart de deux pages  lui est spécialement réservé dans le catalogue et vous contera l'histoire de la découverte de cette oeuvre et le parcours pour en retracer l'historique.

La chapelle. Au fond le tableau de Mathurin  Méheut et au pied de l'escalier les 2 oeuvres de Lucien Pouëdras

La chapelle - Vue du tableau de Paul Sérusier au travers du petit "corridor" des dessins.

Avant de gravir les marches de l'escalier, des oeuvres plus modernes d'artistes de la seconde moitié du 20e siècle vous séduirons à coup sûr : celles de Simone Le Moigne, de Fanch Vidament (le "peintre-paysan"), de Lucien Pouëdras et deux tableaux très colorés du collectif du Hangar't.

La chapelle du sommet des escaliers - A gauche la série des moissons : H.-G. Ibels, M. Luce, Lionel Floch,

 
Des escaliers... de g. à dr. Jean Frélaut, Eugène Labitte, les deux Henri Guinier et une oeuvre de J.- E. Zingg

A l'étage, c'est le thème du paysan dans la fête et la pratique de la foi qui est développé. Des oeuvres majeures, avec deux tableaux d'Olivier Perrin, le premier qui, au début du 19e siècle, s'intéresse au paysan dans sa pratique quotidienne et fait en cela figure de précurseur. Deux grands formats d'Emma Herland et Henri Royer retiendrons sûrement votre attention. Pour la première, le regard plein de candeur de ce jeune garçon à l'ex-voto, auréolé de la fraîcheur de l'enfance, plongera immanquablement dans le vôtre au point de vous troubler. Citons aussi Théophile Deyrolle, Léon Bellemont illustrant chacun l'aspect profane ou religieux de ces grands rassemblements que sont mariages et pardons. Georges-Alexandre Fischer, quant à lui, nous donne sa version d'une scène incontournable, celle de la "fontaine miraculeuse".

1ère salle de l'étage : à droite : Les chasseurs bretons de Théophile Deyrolle (1886).

 
A gauche les deux tableaux d'Olivier Perrin et à droite : Pardon en Bretagne d'Henri Royer.

Enfin, Anne Le Roux-Le Pimpec, directrice du musée, a réuni dans la dernière salle quelques oeuvres de la collection permanente en lien direct avec le thème de l'exposition. Vous y verrez en particulier une toile d'Arthur Midy : Bretons et bretonnes en prière à la chapelle Saint Fiacre, récemment acquise par le musée.

à g. Emma Herland : Le voeux puis La fontaine salutaire de G.-A. Fischer, à droite Le barbier breton du même artiste.

Trois oeuvres de la collection permanente du musée dans la dernière salle, dont celle d'Arthur Midy, à droite.

 Au total, plus de 150 oeuvres (dont de nombreuses oeuvres sur papier présentées dans le meuble à tiroirs - ne manquez pas de les ouvrir !...)  font la grande richesse et l'étonnante diversité de ce parcours. Entre le début du 19e siècle et la fin du suivant, faites une véritable plongée au coeur de la vie de ces paysans de la péninsule armoricaine si attachants par la rudesse de leur environnement quotidien qu'on a réellement du mal à les quitter. Venez vous immerger dans ce monde paysan aux pratiques d'un autre temps et leurs acteurs qui, pour certains d'entre nous, sont aussi nos ancêtres. En cela, très certainement, ils nous touchent plus profondément encore...


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