samedi 16 avril 2022

L'EXPOSITION "LE PORTRAIT DANS LA PEINTURE EN BRETAGNE" EST OUVERTE !

 

L’exposition consacrée au « Portrait dans la peinture en Bretagne » s’est ouverte ce samedi 9 avril 2022 au musée du Faouët. A travers plus de 130 peintures et dessins, elle fait découvrir, à une période charnière de l’histoire de l’art en France - les 19e et 20e siècles - des approches variées du genre du portrait sous le pinceau et le crayon de peintres connus, notamment de l’école de Pont-Aven, ou plus discrets, voire anonymes. Ces portraits, d’artistes, d’hommes, de femmes et d’enfants de Bretagne, célèbres ou non, et mis en scène sur fond neutre ou décoratif ou avec pour arrière-plan un intérieur ou un paysage, révèlent, au-delà de la recherche esthétique de l’œuvre, l’étude psychologique du modèle.

 

La première salle avec le panneau de présentation de l'exposition et un portrait par Hyacinthe Rigaud

 Au travers des six salles (trois au rez-de-chaussée dont l’ancienne chapelle et trois à l’étage) ce sont quelques autoportraits réalisés par les artistes eux-mêmes ou des portraits de peintres amis – ou élèves – réalisés par d’autres peintres que vous pourrez admirer. Qu’est-ce qui, de tous temps, a poussé les artistes à se portraiturer ?... un peu de narcissisme, un besoin de tenter d’explorer les tréfonds de leur personnalité ?... la question mérite d’être posée…

Quelques portraits de paysans et marins-pêcheurs (Paul Pascal, Oscar Chauvaux...)

Un accrochage qui se veut plutôt chronologique évite la monotonie d’une salle exclusivement consacrée aux portraits masculins et d’une autre aux portraits féminins. Au lieu de cela, la mixité s’est tout de suite imposée comme évidente et naturelle, tant ces deux thèmes se répondent et s’enrichissent mutuellement dans un dialogue harmonieux des œuvres. Portraits d’hommes et portraits de femmes dialoguent donc, sur les mêmes cimaises, et permettent de mieux cerner les constantes des modes de représentation caractéristiques d’une époque précise. 

Anonyme ; Louis-Marie Baader ; Narcisse Chailloux, ; Raoul David ; Alphonse-François Le Hénaff
 

Ainsi, au 19e siècle, le modèle est souvent représenté en plan rapproché, ce qui permet une approche physiologique assez détaillée afin peut-être de mieux suggérer son tempérament ou son caractère. Le visage, en plan serré, est seul éclairé et se détache sur un fond sombre et de couleur uniforme. 

A gauche un portrait de femme d'Albert Durand ; au centre Ernest Hello par Marie Blanchet-Magon
 

La progression historique rend parfaitement compte également de l’évolution des classes sociales représentées dans ces portraits. Longtemps privilège royal,  au 17e et surtout au 18e siècle la pratique du portrait gagne les rangs de la noblesse sous la forme d’abord de portraits de cour et d’apparat puis plus modestement.

Une vue générale de l'ancienne chapelle du musée avec l'accrochage de l'exposition

 

Au 19e siècle, particulièrement dans sa seconde moitié avec l’avènement de l’ère industrielle, une certaine aisance matérielle d’une partie de la bourgeoisie voit se démocratiser  l’art du portrait qui finit par gagner toutes les couches de la société, même les plus modestes. 

Au fond La fileuse et sur le panneau central les deux pastels de John Recknagel dont celui choisi pour l'affiche

Le modèle n’est plus alors le commanditaire de l’œuvre mais c’est parfois, dans une inversion riche de sens, l’artiste qui finira par payer la personne en question pour pouvoir la représenter ! Les peintres voyageurs des dernières années du 19e siècle et du tout début du suivant, qui rentrent dans les intérieurs bretons, s’intéressent aussi aux activités des paysans ou des marins pêcheurs. La singularité de leurs vêtements est un attrait supplémentaire et pour les femmes la diversité des coiffes, selon les régions, intrigue et attise la curiosité. C’est sans doute une raison majeure pour laquelle on voit se multiplier les portraits féminins. 

de g. à dr. - Oeuvres de : Jeanne-Marie Barbey ; Arthur Midy ; Georges Lepape ; Emile Simon

L’enfant, dont on fait, au 17e et encore au 18e siècle, assez peu de cas, n’apparait que dans des portraits familiaux de groupe ou des portraits de cour. C’est vraiment au tout début du 19e siècle que l’enfant est pris en compte comme un individu à part entière, avec sa propre sensibilité ! Dès lors la bourgeoisie aura à cœur de voir représenter sa progéniture pour accrocher ces œuvres dans les intérieurs. Plus généralement les artistes, avec une affection toute particulière pour ces tout jeunes garçons et filles, vont s’attacher à mettre en valeur la délicatesse de leurs traits et la fraîcheur des visages, une mine renfrognée ou la fierté d’une réussite scolaire. Les situations et les occasions d’immortaliser leurs frimousses sont multiples, parfois avec attendrissement !

de g. à dr. - Oeuvres de :  Anonyme ; Alfred Guillou et deux oeuvres  d'Edgard Maxence 

 

Ce rapide tour d’horizon vous donne donc un aperçu de la grande diversité qui se dégage de cette galerie de portraits et c’est sans doute ce qui a frappé les premiers visiteurs. Plusieurs portraits de ces hommes, ces femmes, ces enfants, sont réalisés de face et le modèle semble alors plonger son regard dans celui du spectateur. Connus ou anonymes, ils vous attendent pour, le temps d’une visite, croiser votre propre regard dans un dialogue silencieux par delà les années et partager un moment d’intimité, les yeux dans les yeux… 

de g. à dr. Oeuvres de : Charles Cottet, ; William John Leech ; Emmanuel Fougerat et Henri Delavallée
 

Venez donc faire l’expérience et partager cet acte de communication entre regardant et regardé(e) : vous avez six mois pour cela puisque l’exposition sera visible jusqu’au 9 octobre prochain. Vous aurez donc aussi largement le temps de la renouveler si le cœur vous en dit !

de g. à dr. oeuvres de : Maurice Ménardeau ; Yvonne Jean-Haffen ; Geneviève Lejeune (4e)