En forme de clin d’œil, ce titre détourne légèrement, dans sa signification, celui de l'exposition qui vient d'ouvrir ses portes samedi 5 avril dernier au musée du Faouët : "Regards croisés de deux peintres paysagistes en Bretagne : Marguerite Raffray (1907-2004) et André Wilder (1871-1965)".
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Christian Faivret, maire du Faouët, présente l'exposition au public réuni dans l'ancienne chapelle |
En effet, ce sont les deux regards sur les paysages de la Bretagne (et ponctuellement sur ceux du Midi), les deux visions comparées et mises en parallèle de deux artistes nés à 36 ans d'écart, d'origine et de sexe différents, que le musée vous invite à découvrir cette année.
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Le panneau de présentation de l'exposition dans la première salle. À droite les autoportraits des 2 artistes |
Marguerite Raffray, tout comme André Wilder, sont des quasi-inconnus dans le monde pictural breton.Vous ne les trouverez mentionnés dans aucun ouvrage de référence qui traite de l'histoire de la peinture en Bretagne entre 1850 et 1950... Et pourtant, chacun d'eux a abondamment peint, sur une période prolongée, dans notre région.
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La chronologie des deux peintres et le chevalet portatif d'André Wilder, dans la première salle |
Pour la première, ses œuvres sont presque en totalité conservées par la famille et la descendance de l'artiste, d'origine rennaise. Pour le second, né à Paris mais de deux parents belges, malgré une reconnaissance certaine dans le premier quart du 20e siècle, ses nombreuses expositions dans des galeries renommées et sa participation aux plus grands salons parisiens, il est peu à peu tombé dans l'oubli, lot de la plus grande partie de ses confrères. Seuls quelques noms, très peu nombreux, laissent en effet une trace durable dans l'histoire de l'art.
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Carnets de croquis, catalogues d'exposition d'André Wilder et, au mur, des photos des 2 artistes. |
Marguerite Raffray est née à Rennes. Dès l'âge de 16 ans elle entre à l'École des beaux-arts de la ville puis fréquente l'atelier de Jeanne Malivel, dans la mouvance du groupe des Seiz Breur. Entre 1927 et 1929, elle présente ses œuvres dans le cadre de l'exposition artistique de Bretagne au palais des Musées de Rennes. André Wilder quant à lui débute sa carrière, entre 1895 et 1900, en proposant des dessins dans différents quotidiens ou périodiques parisiens et illustre deux ouvrages publiés par l'un de ses beaux-frères sur les Dumas, père et fils, et sur Chateaubriand.
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Vue générale dans la chapelle, avec la structure centrale regroupant, parmi d'autres, les œuvres à caractère religieux de M. Raffray |
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Une vue d'ensemble des œuvres des deux peintres, mêlées, dans l'ancienne chapelle. |
Chacun des deux artistes, sur la péninsule armoricaine, est à la recherche de la lumière. Ce qui les intéresse, ce sont les paysages sous le soleil et les effets de ce dernier sur le ciel, l'eau et la végétation. Tout cela dans une gamme de tons d'une richesse et d'une diversité étonnantes et dans une véritable explosion de la couleur.
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Dans la seconde salle, un aperçu des œuvres des deux artistes réalisées dans le Midi de la France. |
Marguerite Raffray et André Wilder travaillent "sur le motif" , en installant leur chevalet à l'extérieur pour saisir l'instant présent, comme le faisaient, avant eux, les impressionnistes. Outre les huiles, ils excellent tous les deux dans la technique de l'aquarelle qui permet une rapidité d'exécution pour capter l'impression fugace d'une atmosphère, d'une luminosité particulière, d'un moment unique qui ne se reproduira plus...
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Paysages maritimes des deux peintres paysagistes sur les cimaises de l'ancienne chapelle. |
Le paysage devient l'élément majeur de l’œuvre, le point central et la préoccupation première. La présence humaine, quand elle existe, se limite à quelques frêles silhouettes qui, par leur taille réduite, finissent par se fondre dans le décor.
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Une nature morte de Marguerite Raffray (à gauche) et deux d'André Wilder... |
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Dans la structure, au centre de la chapelle, les œuvres à caractère religieux de Marguerite Raffray. |
Pour Marguerite Raffray, parmi les quelques 600 huiles et 1200 aquarelles qu'elle a probablement réalisées, plusieurs centaines concernent la Bretagne. Quant à André Wilder, il a également peint plus d'un millier d’œuvres. Au regard des cahiers dans lesquels il établissait, année par année, la liste de ses tableaux et d'après leurs titres, ce ne sont pas moins de 160 œuvres concernant notre région que l'on peut recenser. Chacun méritait donc que cette "production bretonne" soit montrée dans un cadre muséal afin de témoigner de leur travail, faire découvrir leur œuvre au grand public, et pour que ces deux artistes trouvent enfin leur place dans l'histoire de la peinture en Bretagne !...
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Quelques aquarelles d'André Wilder réalisées à Portivy sur la commune de Saint-Pierre-Quiberon. |
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Une sélection d’œuvres bretonnes des deux artistes dans l'ancienne chapelle. |